L’envie de les garder sous votre aile
Quelle mère n’a pas envie de protéger ses enfants de la misère et des malheurs, d’éloigner tout danger ? Par moments, vous avez peur de tout : qu’ils se fassent écraser par une voiture en traversant la rue, qu’ils soient enlevés par un pervers, qu’ils soient martyrisés en classe. Les médias, qui accordent une place grandissante aux horreurs subies par des enfants, ne vous aident pas à relativiser ces dangers. Ainsi, alors même que les statistiques d’accidents ou de disparitions d’enfants ne sont pas en hausse, les parents limitent de plus en plus les déplacements autonomes de leurs enfants : en Angleterre, 80% des enfants de sept à huit ans étaient autorisés à se rendre seuls à l’école en 1971, ils n’étaient plus que 9% en 1990 !
L’envie de garder l’image d’une mère toute puissante
A sa naissance, vous êtes tout l’univers de votre enfant. Telle une déesse, vous lui procurez instantanément ce dont il a besoin : nourriture, chaleur, amour… Aux yeux des plus petits, les paroles d’une mère sont dotées d’un pouvoir miraculeux : quelques mots de réconfort et un bisou peuvent suffire à guérir instantanément une blessure. A mesure que l’enfant grandit, il perçoit les limites de ce pouvoir mais, pour vous, il peut être difficile de renoncer à l’admiration inconditionnelle à laquelle vous êtes habituée. En facilitant à votre enfant le contact avec des personnes étrangères, en « arrangeant sa vie », vous conservez une partie de ce pouvoir très enivrant.
Couper le cordon progressivement et en douceur
Pourtant, seul un enfant à qui l’on a appris l’autonomie connaîtra suffisamment ses capacités pour devenir un adulte équilibré et responsable. L’enfant doit apprendre à gérer ses envies (ne manger que du sucré, courir après un ballon, faire la fête avec les copains) pour, une fois devenu adulte, ne pas être frustré par la vie quotidienne. Pour évaluer l’autonomie qu’il convient d’accorder à vos enfants suivant leur âge, le mieux est de procéder par petites touches. Testez par exemple votre enfant de sept ou huit ans sur le chemin de l’école : connaît-il la route la plus sûre ? Sait-il quand s’arrêter aux feux ? Accompagnez-le d’abord en lui demandant de vous guider puis, un autre jour, suivez-le de loin ; enfin, laissez-le y aller tout seul. Il appréciera d’avoir votre confiance et vous réaliserez vite qu’il est nettement plus prudent seul qu’en votre compagnie.
Rester attentive
Cette libération progressive peut s’appliquer à tout âge : un élève de sixième doit ainsi apprendre à planifier son travail scolaire, un ado de quinze ans peut de la sorte organiser des sorties raisonnables, etc. Donner de la liberté à votre enfant ne veut pas dire l’abandonner à son sort. Il faut bien sûr toujours rester à sa disposition, prêt à l’écouter, à discuter avec lui de son quotidien pour être capable de déceler rapidement un problème ou toute circonstance dans laquelle votre présence se révèlera de nouveau indispensable. Susanne Brouchet
Pour en savoir plus
Pour savoir quelle autonomie accorder à un enfant, à quel âge, consultez le dossier « Grandir en société » du site Zelius.com http://www.zelius.com/p_liste_thematique.asp?rubId=3