Le CIDF de Lille que vous dirigez depuis novembre 2001, dépend du Centre National d’information des droits des Femmes et des Familles (CNIDFF), dites-nous en davantage sur vos missions. La vocation des 120 Centres d’Information des Droits des Femmes (CIDF) est de valoriser la place de la femme dans la société, favoriser son autonomie dans les domaines juridique, professionnel, économique, social et familial. Ces structures sont coordonnées par le Centre National d’Information des droits des Femmes et des Familles (CNIDFF), créé en 1972 à Paris. L’association agit sous la haute autorité du ministre de l’Emploi et de la Solidarité en charge des droits des femmes. Concrètement, Le réseau des CIDFF intervient pour que la notion de droit des femmes soit clairement établie et qu’elle débouche sur des démarches efficaces; pour contribuer à ce que les femmes se situent, au sein de la société, comme des citoyennes à part entière et pour les aider dans ce processus d’intégration; pour que les femmes apprennent à ne pas être démunies quand il s’agit, pour elles, de concilier vie professionnelle et vie familiale; pour que les femmes aient les moyens de s’inscrire dans le processus d’égalité hommes-femmes ; enfin, pour que les femmes disposent d’un lieu de réponses personnalisées où l’on tient compte de la globalité de leur situation, des données d’ordre personnel, conjugal, familial et/ou professionnel. A l’occasion de la journée internationale des femmes, vous avez monté une opération de sensibilisation de la population lilloise à l’égard des violences faites aux femmes. En effet, la Région a débloqué un budget permettant au CIDF de développer une campagne de communication autour du thème des violences faites aux femmes. J’ai choisi de travailler avec une troupe de théâtre dans le métro lillois : à partir de thèmes et de phrases de femmes, nous avons mis en place des saynettes de deux ou trois minutes jouées dans les stations. L’objectif était de sensibiliser le public aux violences dans le travail. Au quotidien, le CIDF, notamment dans le cadre de sa prestation de conseils juridiques, est toujours davantage confronté au problème des violences faites aux femmes. Les informatrices juridiques rencontrent beaucoup de femmes victimes de violences et qui n’en sont pas toujours conscientes elles-mêmes. Si 96% des victimes sont des femmes il est important de travailler également avec les agresseurs, qui bien souvent n’ont pas non plus conscience de l’être. Je ne conçois pas qu’on puisse travailler avec les femmes sans s’adresser également aux hommes. La création de groupes de parole spécifiques d’hommes auteurs de violences me paraît être un mode de prise en charge pertinent de ce point de vue. En tant que sexologue et ex coordinatrice du Mouvement Français pour le Planning Familial quel regard portez-vous sur le préservatif féminin ? Le préservatif féminin est un moyen pour les femmes de ne pas avoir à subir un chantage à la protection, particulièrement lors d’un changement de vie induit par une séparation. Les femmes dans cette situation ont en effet rarement eu à négocier l’utilisation d’un préservatif masculin. Ce n’est pas facile. Par ailleurs, le préservatif féminin est un moyen de protection contre le VIH. Il est par ailleurs nettement plus agréable d’utilisation que le préservatif masculin. Il est sensitif, prend la chaleur du corps et ne doit pas être retiré, contrairement au masculin, immédiatement après la relation sexuelle. Cependant, malgré ses qualités, l’utilisation du préservatif féminin se généralise difficilement. Les réticences identifiées sont de l’ordre de la représentation des organes génitaux. Alors que le préservatif masculin est enroulé sur lui-même, le préservatif féminin se compose de deux anneaux et mesure 17 cm de longueur. La visualisation de la longueur du vagin est instantanée. Or, les femmes n’en n’ont pas toujours conscience. De plus, le préservatif renvoie les jeunes filles à la première pénétration, moment important et parfois angoissant pour elles. Le préservatif féminin dévoile la taille et la longueur du sexe masculin. La démonstration peut se révéler traumatisante et peut être vécue comme une violence. C’est la raison pour laquelle je ne montre jamais un préservatif féminin sauf sur demande expresse et jamais en groupe.