Pouvez-vous nous rappeler le fonctionnement d’une maison de naissance ? Une maison de naissance est entièrement et exclusivement sous la responsabilité des sages-femmes. Une même sage-femme suit la future maman du début de la grossesse jusqu’à l’accouchement. La préparation n’est pas seulement physique, elle est également psychologique (prise en compte, par exemple, des peurs liées à l’accouchement et de l’histoire familiale). Le papa est présent à chaque rendez-vous. Au moment de l’accouchement, la femme garde sa liberté de mouvement. Elle peut accoucher comme elle le souhaite (dans une baignoire, sur un siège, accroupie, debout, etc…). L’objectif est que la sage-femme intervienne le moins possible pour redonner confiance aux futurs parents. On veut privilégier l’aspect physiologique de la naissance et limiter l’usage des techniques médicales : les épisiotomies sont très rares, moins de 5 %. Mais, en cas de problème, si par exemple une péridurale est nécessaire, la future maman est transférée à l’hôpital. Lorsque le bébé vient au monde, il reste sur le ventre de sa maman et, après de rapides examens, il est mis au sein, ce qui lui permet d’avaler ses glaires et d’éviter l’aspiration, systématique en hôpital. Les parents disposent d’une chambre avec un grand lit et, au bout de 48 heures, ils rentrent chez eux avec le bébé, après quoi la sage-femme assure un suivi à domicile pendant sept jours. Est-ce que toutes les femmes enceintes peuvent accoucher dans une maison de naissance ? Non, pas toutes, mais environ 80 % des femmes le pourraient. Celles qui souffrent de diabète, celles qui ont un équilibre psychologique fragile ou une santé déficiente ne sont pas admises. Il en est de même pour les mamans qui attendent des jumeaux ou qui ont déjà subi une césarienne. Enfin, les naissances prématurées requièrent une hospitalisation. Où en est le projet de la maison de naissance de Montpellier ? Le projet est porté par quatre sages-femmes : Christine Gagner, Doris Nadel, Françoise Servent et Ariane Steinberg. La maison de naissance est prête à fonctionner depuis huit mois mais, comme le principe est nouveau en France, il n’y a pas encore de statut juridique et nous attendons la décision du ministère de la Santé pour ouvrir. Je suis persuadée que lorsqu’un statut, même expérimental, sera accordé au niveau national, les blocages régionaux seront levés. Une donnée importante joue en notre faveur : il y a de plus en plus de naissance en France et les équipes médicales sont en sous-effectif. Certains médecins disent même que les futures mamans sans problème ne sont plus en sécurité dans des hôpitaux où l’on donne la priorité aux grossesses pathologiques. D’où l’intérêt et la nécessité des maisons de naissance. Entretien réalisé par Christelle Célarié