L’obésité de l’enfant n’est plus un sujet de plaisanterie, ni en récré ni même en cours de gym : c’est plutôt un sujet d’inquiétude et de recherche, en tous cas pour les pédiatres et les éducateurs des pays occidentaux. Pour beaucoup de parents non-avertis, l’obésité du petit enfant passe pour un signe patent de bonne santé, voire de force physique chez les futurs sumotori. Ce que nous savons de l’obésité chez l’enfant L’obésité est une surcharge de graisse faisant passer le poids de l’enfant au-dessus du 97ème percentile, sur la courbe de poids d’une population de référence. Autrement dit, son poids le place parmi les 3% d’enfants les plus lourds pour son âge et sa taille. Si cette masse grasse apparaît avant la puberté, le risque de persistance à l’age adulte est de 20 à 50%. Il atteint 70% si l’obésité s’installe pendant ou après la puberté. A son tour, cet excès de graisse chez l’adulte entraîne un risque de surmortalité, surtout cardio-vasculaire, de 50 à 80%. On observe un doublement des cas d’obésité infantile depuis les années 80. La France rejoint progressivement les Etats-Unis et le Canada dans le club des gros, avec 10-12 % d’enfants de 6-12 ans atteints d’obésité (12-13% des garçons en Amérique du Nord, 11% des filles). La base de données américaine NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey) constate une évolution extrêmement inquiétante pour l’avenir de ces enfants : le diabète de type 2 , qui n’avait jamais été décrit que chez l’adulte avant ces dernières années, touche maintenant de 10 à 40% des petits obèses (étude en cours, CDC, Atlanta). Aucun traitement n’est validé chez l’enfant. Plus grave : la durée d’évolution de cette maladie nous fait prévoir l’apparition de complications (cécité, insuffisance rénale, infarctus du myocarde) vers l’âge de 35-40 ans. Pourquoi l’obésité chez les petits ? Pas chez les tout-petits. La courbe d’IMC (index de masse corporelle : poids-kg-/taille-m- au carré) montre en général une diminution jusqu’au “rebond” de la sixième année. Mais si ce rebond de la courbe se produit avant 6 ans, si cette courbe franchit la limite du 97ème percentile (se reporter au carnet de santé, modèle 95 et ultérieurs). Le traitement est simple : dépenser plus d’énergie pour éviter le stockage dans des cellules spécialisées ! Celles-ci, les adipocytes, se développent dès avant la naissance, mais ne progressent en masse que dans la petite enfance et autour de la puberté, sous une stimulation alimentaire. Ce qu’il faut faire – limiter la télévision et autres jeux vidéo : des études ont identifié le temps passé devant la télévision comme facteur prédictif d’obésité. L’exercice n’est pas nécessairement intense et athlétique : marcher, prendre l’escalier, jouer au ballon ou à bicyclette, suffisent, – respecter une alimentation naturelle. Des études ont été menées par l’Education nationale, inquiète de voir s’effondrer la fréquentation des cantines scolaires. Les résultats n’ont pas conforté l’hypothèse “pauvreté croissante” comme on le pensait. Simplement, les jeunes gens préfèrent de loin le goût de la restauration rapide, et comme leurs aînés, privilégient quand ils le peuvent les aliments très chargés en lipides (les graisses fixent les agents de sapidité naturels ou artificiels; les aliments gras sont plus “goûteux”). Docteur Gilles BIGNOLAS